INDÉPENDANCE SYNDICALE ET CONGRÈS CONFÉDÉRAL
- Par udfo51
- Le 10/04/2022
- Dans Communiqués Force Ouvrière
Cher(e)s camarades,
Vous trouverez ci dessous le rapport d’activité que le Secrétaire Général de la Confédération a fait lors du CCN des 30 et 31 mars derniers.
Ce rapport étant très complet il est aussi long.
MAIS il est aussi, me semble-t-il, dans le contexte que nous vivons et au regard du prochain congrès confédéral, essentiel.
C’est donc en ce sens que j’ai souhaité extraire de ces 17 pages les chapitres sur l’INDÉPENDANCE SYNDICALE et le CONGRÈS CONFÉDÉRAL.
Mais bien sûr, libre et indépendant, le mieux est de lire le rapport et se faire sa propre idée.
Sylvie Szeferowicz
Secrétaire Générale
INDÉPENDANCE SYNDICALE
Nous sommes maintenant en pleine élection présidentielle. Bien entendu, la Confédération, fidèle en cela à l’indépendance indispensable du syndicat, ne donnera aucune consigne de vote.
Cela a été notre ligne de conduite, sans nous empêcher de faire connaître précisément nos positions, à la fois de principes généraux et sur les questions économiques et sociales.
Tel était l’objet de la résolution adoptée à l’unanimité par notre CCN le 4 novembre dernier. Nous avons tenu une conférence de presse nationale le 22 novembre, dont nous vous avons rendu compte en vous faisant parvenir la trame de notre présentation générale aux journalistes. Celle-ci a duré près de trois heures !
Nous avons aussi répondu aux sollicitations de candidats qui ont souhaité nous rencontrer. Nous avons ainsi rencontré Arnaud Montebourg (qui, depuis, n’est plus candidat), Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse et, jeudi dernier, Jean-Luc Mélenchon.
A la différence d’autres organisations syndicales ou patronales, nous n’auditionnons pas les candidats, a fortiori publiquement, ce qui pourrait conduire par les échanges et les réponses à indiquer implicitement certaines faveurs électoralistes ! Cela nous a d’ailleurs conduits à refuser de nous inscrire dans cette démarche qu’a organisée le CESE. Au demeurant, si l’idée était de mettre en avant le CESE, les résultats en termes de visibilité ont été très limités !
A l’issue de nos débats en Commission exécutive, le 26 janvier, nous avons transcrit la résolution du CCN de novembre sous forme d’un quatre pages, d’une plateforme, synthétisant nos positions et revendications essentielles et ayant vocation à être largement diffusé par nos syndicats. Notre objectif était ainsi d’indiquer que l’action syndicale revendicative ne passait pas sous le boisseau, ni du Covid, ni de la campagne présidentielle.
Tel est exactement le sens de nos réactions immédiates, précises aussi quand, à la fois, à nos positions et à notre détermination, sur le sujet des retraites qui est revenu pleinement à l’actualité parce qu’évoqué en particulier du côté du président devenu candidat Emmanuel Macron ! Certes, ce n’était pas nouveau ni surprenant de sa part, et certes, cela avait été déjà évoqué dans un autre sens par d’autres.
Que nous soyons opposés, et nous ne sommes pas les seuls à l’avoir dit, au recul de l’âge de la retraite, n’a surpris personne. Mais nous avons surtout voulu affirmer clairement – à bon entendeur salut pour qui que ce soit – que tout projet de réforme, conduisant à dégrader les droits à la retraite et à reculer l’âge pour en bénéficier, nous trouverait sur son chemin, et que nous ferions en sorte – cela a été mes propos publics - de l’empêcher comme nous avons empêché le projet de système universel par points, récusant par avance l’utilisation d’une élection présidentielle comme pseudo-référendum.
Comme nous le faisons systématiquement, nous avons appelé, par voie de circulaire, à la vigilance quant au respect de l’indépendance syndicale. Cela demeure nécessaire bien sûr et ayons en tête que cela va le demeurer jusqu’aux élections législatives en juin.
Tout au long de ce quinquennat, nous l’avons été et nous avons résisté, publiquement, clairement et fermement, lorsqu’à plusieurs reprises, dans divers contextes, le risque de l’instrumentalisation, de l’association du syndicat ou de sa dilution dans les processus de décision ou de gestion politique et/ou économique et sociale, était particulièrement prégnant : « grand débat » ou « conférences citoyennes ; « conférence de financement sur les retraites » ; projet de charte ou d’engagement tripartite face à la pandémie… nous avons donc résisté, rappelant la distinction entre organisation de classe, qu’est le syndicat, et corps intermédiaire, ce que nous ne sommes pas et refusons d’être.
Nous avons donc fait et nous faisons la démonstration que ni le patronat, ni une autre conception dite ou s’appelant syndicale, et nul au pouvoir aujourd’hui ou demain ne pourront mettre en cause ce qu’est la Confédération générale du travail Force Ouvrière, fondée sur la Charte d’Amiens. Et, je le dis, nous ne nous en remettrons jamais à qui que ce soit, autre que nous-mêmes, à cet égard. Pas plus que pour la mise en œuvre des revendications que nous portons sur les salaires et les retraites notamment !
Nous avons, comme cela arrive de temps à autre, assez rarement, dû régler quelques situations problématiques : lorsqu’un camarade en responsabilité (plus rarement encore sciemment) se trouve en situation d’associer son appartenance syndicale et sa candidature à une fonction politique ou à un engagement en faveur de tel ou tel candidat.
Nous avons eu ainsi un débat lors de notre CE de février à la suite de la parution d’une motion signée par des camarades se positionnant en faveur d’un candidat à la présidentielle. Certes, l’intitulé prend soin d’indiquer que cette démarche est à titre citoyen et sans engager leurs responsabilités, mais ces camarades n’en sont pas moins connus et reconnus dans leurs responsabilités par les camarades des syndicats relevant du champ de ces responsabilités. La difficulté plus grande était que figuraient les sigles syndicaux concernés (dont le nôtre). Que nous n’interférions pas sur la politique des partis, et fassions en sorte d’empêcher toute ingérence en notre sein de leur part, ne signifie pas que la Confédération soit apolitique au sens général du terme.
L’entête de la plateforme FO (issue de la résolution de notre CCN), tout en rappelant que la Confédération se situait sur le terrain de l’indépendance syndicale et ne donnerait pas de consignes de vote, prend soin de rappeler notre attachement à la démocratie, à la République et à nos principes fondamentaux.
Il s’agit d’être sans ambiguïté, à commencer vis-à-vis de nos adhérents, et d’éclairer plus largement les salariés sur ces positions générales, démocratiques, républicaines et laïques, universalistes, que nous portons et qui doivent être sans cesse défendues. Nous l’avons souvent rappelé : la Confédération remplit, sans aucun doute, aujourd’hui particulièrement comme à d’autres moments de notre histoire, un rôle essentiel, non seulement sur le plan social, mais sur les plans démocratique et républicain.
Notre indépendance ne signifie pas plus que nos adhérents et militants doivent être interdits de conscience et d’engagement politiques.
Notre rôle, sur ces questions, celle de la démocratie, des principes et droits fondamentaux de l’homme et des travailleurs, est de nous exprimer en tant qu’organisation syndicale, afin que nos camarades puissent se faire leur propre opinion, en tant que syndicalistes bien sûr, mais en tant que citoyens sans que nous ayons à dicter leur conscience, en éclairant, en informant, en faisant en sorte qu’il y ait le débat, la connaissance de ce que représente tel ou tel slogan, positionnement ou projet politique.
Jamais nous n’investiguerons ni n’interdirons en la matière et en perspective de la prise de telle ou telle fonction au sein de la Confédération – comme nous l’avions entendu en perspective du congrès en 2018. Ce serait contraire à l’indépendance – qui doit être réciproque – et à notre attachement à la démocratie.
Je l’avais d’ailleurs souligné lors d’un CCN : en tant que syndicalistes, libres et indépendants, nous pouvons cependant être inquiets des effets délétères pour la démocratie et la République du désengagement politique et du discrédit qui frappent la plupart des partis politiques (on parle d’ailleurs de plus en plus de mouvements identifiés fortement par leurs leaders). Les partis politiques historiques et républicains portent une responsabilité à cet égard : celle de s’être coupés du peuple, de la classe ouvrière, de ses aspirations et de sa diversité de pensée. Soyons attentifs à ce que cette situation ne conduise pas, par défaut ou délibérément, la Confédération sur un autre terrain que syndical. Gardons toujours en tête le préambule de nos statuts et sa référence à la Charte d’Amiens.
Aussi, il nous faut éviter que le trait soit mordu : celui du prosélytisme se prévalant de l’appartenance ou fonction syndicale. Soyez attentifs à demeurer conforme à cet article premier de nos statuts. Je crois que nous nous y tenons.
Il n’y a donc pas eu de trêve syndicale de notre part.
SALAIRES
Je vous renvoie à ce que nous avions développé lors de notre dernier CCN sur la dérive vers un étatisme social où l’économisme devient l’alpha et l’oméga de décisions politiques qui, à ce titre, ne devraient souffrir aucune contestation ou débat, le rôle des syndicats étant alors réduit à accompagner leur mise en œuvre par d’éventuels ajustements locaux !
Il est à cet égard symptomatique, comme je l’ai fait remarquer à notre CE de janvier, que cette année encore, le Président de la République n’ait pas pris la peine d’adresser ses vœux aux interlocuteurs sociaux, même au besoin sous une forme adaptée aux circonstances sanitaires.
CONGRÈS CONFÉDÉRAL
J’en viens au Congrès.
La préparation du congrès sur les plans matériels et techniques va son train. Il est important de nous assurer de la participation des syndicats et de leurs délégués afin que celui-ci soit une réussite. Il faut les booster. Pour l’heure, l’hypothèque du passe vaccinal est levée… donc cela n’est plus un obstacle pour les quelques camarades qui s’en inquiétaient. Espérons que cela durera.
Le rapport d’activité sera très prochainement publié.
Nous préparons les projets de résolutions. Nous proposons les quatre traditionnelles : générale, protection sociale, social et Outre-Mer. Nous allons faire en sorte d’éviter les chevauchements entre les unes et les autres.
A ce sujet, pour ce CCN, dans la mesure où arrive très prochainement notre congrès, nous avons préparé une déclaration d’actualité, courte, revendicative, réservant au Congrès le soin des résolutions d’ensemble.
Comme je l’avais indiqué lors du CCN de novembre dernier, nous nous attachons à préparer ce congrès afin d’aller vers un congrès d’ambition, rassemblé et uni, projeté vers l’avenir, exprimant la détermination et la capacité à faire progresser la Confédération générale du travail Force Ouvrière.
Vous connaissez toutes et tous ce que j’ai expliqué lors de la dernière réunion de la Commission exécutive.
J’ai, ces derniers mois, beaucoup écouté et échangé avec les uns et les autres quand vous m’avez sollicité directement.
En premier lieu, c’est au sein de notre organisation, par nos échanges directs et au sein de nos instances, et dans le respect de nos statuts, que les choix militants doivent être exprimés et expliqués et non à l’extérieur de l’organisation. J’ai toujours refusé de m’exprimer ailleurs, comme je l’avais déjà fait en 2018.
L’âge octroie un privilège : celui de l’expérience. Des congrès confédéraux, des CCN, j’en ai connu, depuis le congrès de 1984, puis de 1989, avec leurs débats, mais aussi avec des propos tenus à l’extérieur, sous couvert d’anonymat, alimentant l’impression de « crises », « psychodrames » ou « de guerre de successions » dont sont friands les journalistes.
Quand on s’exprime à l’extérieur de l’organisation, sous couvert d’anonymat qui plus est, on s’écarte d’une démarche militante. Les invectives, les insultes – j’ai eu et j’ai mon compte – ne me touchent pas, mais elles touchent l’organisation. Vous aurez remarqué que le résultat a été que si les médias ont rendu compte de notre dernière CE, cela n’a pas été pour se faire l’écho de notre communiqué sur la situation en Ukraine, ni de notre déclaration rappelant nos revendications, mais de propos anonymes, livrés aux journalistes alors que notre réunion se déroulait.
Jeudi dernier encore, j’étais interviewé le matin – 6 h 40 sur France Info, cela ne s’est pas amélioré depuis ce que je vous ai expliqué, en termes d’horaire – ; peu d’entre vous l’ont suivi en direct. Mais, en fin de journée, ce n’est pas ce que j’ai dit sur l’Ukraine, les entreprises françaises opérant en Russie, sur les retraites et la journée de manifestation des retraités, à laquelle j’ai apporté mon soutien à Paris, qui a retenu l’attention de la presse sociale, mais un mail envoyé au CCN. La journaliste des Echos m’a appelé sur le sujet en début d’après-midi alors que je n’avais encore rien reçu !
Que voulez-vous ?! Il est manifestement dur de résister au feu des projecteurs ! Mais prenez garde, on s’y brûle facilement. Les papillons attirés par la lumière artificielle ont la vie courte, très courte parfois. L’ivresse médiatique est impitoyable. Ne reste ensuite que la frustration, qui nourrit l’aigreur et la rancœur.
Et ce ne sont pas les journalistes qui feront la confédération !
Ce dont nous devons faire preuve, c’est d’ambition collective. Cela n’écarte pas le débat, l’expression de chaque avis, pour, contre, de la volonté de l’engagement, au contraire, mais il n’y a pas de place aux aventures personnelles ou fractionnelles dans l’engagement syndical, en tout cas au sein de Force Ouvrière. On ne mène pas campagne électorale au sein de la Confédération, on est reconnu sur la base de son engagement, de son action militante, par nos camarades. Tel est le sens de nos statuts qui prévoient que les organisations doivent être avisées du renouvellement un mois avant l’élection afin que les candidats soient présentés par une Fédération ou une Union départementale et que les candidatures soient publiées 15 jours avant l’élection. Nous avons prévu d’envoyer la circulaire correspondante au lendemain du CCN.
On ne se met pas ou on ne se remet pas à la disposition de l’organisation une fois tous les trois ou quatre ans, au moment des élections. Comme on n’interroge pas sur l’intérêt et les avantages supposés que devrait apporter telle ou telle fonction pour que l’on y postule : je ne vois pas l’engagement militant ainsi, et prenez garde, les avantages ou intérêts supposés, s’il en est, ils sont fugaces quand la fonction est, elle, harassante.
Nous sommes au service de la Confédération à tout moment, redevables aussi – et je le suis énormément – de ce qu’elle nous apporte tout au long de notre engagement militant.
J’ai entendu dire qu’il s’agirait d’avoir le costume. Je n’en avais pas beaucoup avant novembre 2018, ce n’est pas dans mes habitudes. Mais vous savez, plus que le costume, ce qui compte c’est l’étoffe, l’étoffe du militant.
Elle s’acquiert, se tisse par le parcours depuis sa section syndicale, son syndicat, par l’engagement interprofessionnel dans son UL, son UD, sa fédération, puis la Confédération !
Je n’ai jamais postulé à une responsabilité, ni manœuvré en ce sens, ni fait campagne. Quand je l’estimais utile, j’ai fait connaître ma disponibilité ou répondu aux sollicitations, mais en prenant toujours soin d’indiquer explicitement que je me rallierais immédiatement au choix décidé collectivement. Et non pas, comme je l’ai entendu et lu encore récemment, en interrogeant ou contestant la validité et la légitimité du choix fait collectivement !
Bien que beaucoup – tous les camarades qui m’ont sollicité – estimaient ou pensaient que je devais poursuivre mon mandat de Secrétaire général, j’ai considéré que proposer ma candidature pour un nouveau mandat n’était pas la meilleure solution pour notre ambition collective. J’y ai beaucoup réfléchi – je crois que pas une seule journée, soirée n’y a manqué depuis plusieurs mois.
Je suis en bonne santé, en forme intellectuellement, je crois. Et si le Covid m’a finalement rattrapé, comme vous le voyez, cela n’y a rien changé. Je suis et reste combatif et déterminé, n’en déplaise à ceux qui sont allés expliquer que j’étais fatigué ! Encore sous couvert d’anonymat ! Ce n’est pas à leur gloire.
Mais, un nouveau mandat, compte tenu de mon âge – ça, on n’y peut rien – et de la responsabilité particulière qui est celle de Secrétaire général de la Confédération, aurait en réalité, inévitablement, ouvert très vite la question de la suite car, pour toutes et tous, il aurait été mon dernier mandat.
Comme j’ai eu l’occasion de le dire à quelques-uns, le lendemain de mon élection aurait été le premier jour de mes derniers jours. D’ailleurs, cela a déjà démarré, un peu avant même que j’aie parlé !
Or, oui, les défis seront majeurs, dès l’élection présidentielle suivie des élections législatives : sur les questions économiques et sociales, sur la place et le rôle des syndicats, de la négociation collective et du paritarisme, sur le développement de la représentativité de la Confédération… Toute notre énergie – à tous les niveaux – devra y être consacrée. Nous ne pouvons risquer d’avoir à gérer l’incertitude organisationnelle, les spéculations inévitables.
Et il ne suffira pas de répéter en boucle les formules convenues sous forme d’un catéchisme aisé à reproduire à l’heure du copier-coller ! Je n’ai nul doute, nous sommes toutes et tous rebelles, réformistes dans la pratique, révolutionnaires dans les aspirations, lutte des classes, libres et indépendants – je ne vais pas ici égrener le chapelet que vous connaissez tous !
Vous étiez là, n’est-ce pas, le 21 septembre 2019, puis le 5 décembre et les jours et semaines qui ont suivi !? Avons-nous, comme je l’ai lu, accompagné les pouvoirs économique et politique ? Sur les retraites ? Sur l’assurance chômage ? Sur les salaires ? Sur la défense des conventions collectives et des statuts ?
S’il y a des militants sincères, d’autres ne le seraient pas ? Je ne suis pas forcément d’accord avec tout le monde, loin s’en faut, nos débats sont parfois rudes, mais je veux croire et je crois à la sincérité de toutes et tous.
Il faut sortir des grimoires, de la nostalgie, ne pas se faire les apôtres du déclin ! Défiez-vous des esprits chagrins.
Je viens de lire ceci dans un article de presse se faisant l’écho de propos relatifs au «dysfonctionnement de la Commission exécutive », appelant à « un ressaisissement collectif de l’organisation », évoquant qu’elle « traverse au plan interne une période lourde de menaces », laissant entendre que « les conditions de l’organisation du débat démocratique au plan confédéral » ne seraient pas réunies, pointant la continuation « du déclin en cours »… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de nous cette fois !!! Cet article concerne la CGT ! Il est récent. Voudriez-vous qu’on suive ce chemin du doute, de la discorde, alors que nous n’en avons aucune raison ? Vous connaissez peut-être la peinture du peintre Bruegel de la Renaissance flamande : la Parabole des aveugles. Il peint des aveugles se tenant en file indienne par la main ou par la canne, conduits par un aveugle. Je suis laïc, athée, cela n’empêche pas de s’intéresser à l’art. Ce tableau fait référence à la parabole adressée aux Pharisiens qui dit que « si un aveugle guide un aveugle, ils tomberont tous les deux dans la fosse » ! Cela ne nous arrivera pas, car nous ne sommes pas aveugles et nous ne nous laisserons pas guider par des aveugles.
J’ai lu qu’il serait primordial de placer au plus vite notre organisation en situation de répondre aux nombreuses attaques à venir… Avons-nous attendu ?
Comme je l’ai dit à la Commission exécutive, et nous venons d’achever le rapport d’activité, j’estime – mais les débats sur ce rapport d’activité nous le diront – que nous avons rempli le mandat qui devait être le nôtre, celui de l’affirmation de la parole, du crédit de la parole de FO, dans un contexte particulièrement difficile du fait, à la fois de nos difficultés et des circonstances extraordinaires auxquelles nous avons été et sommes confrontés sur le plan politique, de l’exercice de la démocratie, de la mise en cause du rôle des syndicats, de la place de la négociation collective, avec, qui plus est, la pandémie depuis plus de deux années, et aujourd’hui, la guerre en Europe avec ses conséquences dramatiques immédiates et à plus long terme. Nous pouvons nous enorgueillir d’une victoire majeure contre le projet de système universel de retraites par points sur le terrain de l’argumentaire de nos raisons comme sur le terrain de la grève. Une journaliste qui connaît bien la question sociale a qualifié notre mobilisation sur les retraites de victoire à la fois sociale et intellectuelle ! Ailleurs, on considère que nous avons replacé FO au centre du jeu social !
Nous avons conforté notre représentativité dès décembre 2018 dans la Fonction publique et en asseyant notre troisième position dans le privé. Nous avons conquis de nouvelles implantations dont celles, symboliques, à la RATP et au sein d’une entreprise de livraison à vélo Just Eat. Bien sûr, rien n’est acquis et il s’agit d’un combat de tous les jours. C’est tout l’enjeu de notre politique en matière d’organisation et de développement, associée à l’action revendicative.
Nous avons consolidé, solidifié la Confédération, ses moyens, son administration par ses instances (CCN et CE), tant pour sa politique revendicative que pour son organisation et son fonctionnement, pour le suivi financier et budgétaire, pour sa politique de développement, avec la mise en œuvre de chantiers importants. A cet égard, je ne peux laisser dire que nous ne débattrions pas au sein de nos instances. C’est la Commission exécutive et le CCN qui ont, depuis mon élection, la responsabilité de l’arrêté et de l’adoption des comptes. Contrairement à ce que j’ai pu lire, nous avons en réalité ouvert le débat sur l’affectation de nos réserves. Cela vaut pour le fonds de solidarité. En outre, la Commission exécutive est informée chaque année précisément de l’état prévisionnel du budget de l’année en cours et de l’année à suivre. La Commission de contrôle a vu son mandat élargi à ce suivi, après avoir réalisé un état financier comme nous nous y étions engagés en novembre 2018. La commission exécutive comme le CCN sont informés des dispositions que nous envisageons en termes d’organisation. Nous avons aussi confié à la Commission de contrôle le soin de mettre à jour l’état des lieux et le suivi de l’affectation de nos ressources, entre la Confédération, les Unions départementales et les Fédérations, et le suivi de son efficacité.
Où est la « menace intérieure » ? Se méfie-t-on de nos propres instances, celles que nous élisons ? Aurions-nous dû confier la gestion de la confédération à un cabinet d’audit extérieur – pourquoi pas Mc Kinsey tant qu’on y est ? (Applaudissements).
Bien qu’ayant eu à faire face à certaines situations difficiles, délicates mêmes, nous avons su assurer le renouvellement dynamique de nos responsables dans les Unions départementales et Fédérations, même s’il nous reste une ou deux difficultés.
Un enjeu important sur lequel nous travaillons est celui du patrimoine immobilier de la Confédération : il porte à la fois sur le poids de la dette résultant des emprunts réalisés pour l’achat de l’immeuble et du terrain et sur sa mise aux normes énergétiques, résultant d’une obligation réglementaire et nécessaire sur le plan des économies d’énergie et de confort de travail. On parle ici en millions d’euros ! et d’un avenir à 30 ans et plus, bien sûr !
Notre investissement pour ce qui relève de l’organisation a été et est de tous les instants, attentif et attentionné même, aux uns et aux autres, aux unes et aux autres, avec toujours à l’esprit le souci premier de la Confédération, de ses Unions départementales, Fédérations, syndicats et adhérents, sans exclusive aucune.
Mes chers camarades, on ne peut pas se dire attaché à son organisation et laisser courir le bruit du dénigrement public en permanence, se défier de son fonctionnement démocratique, fédéraliste, se défier de ses militants.
Il n’y a pas de majorité silencieuse ! Chaque structure, du syndicat, à l’Union départementale, à la Fédération jusqu’à la Confédération réunit régulièrement ses instances, peut débattre librement de la politique de la Confédération, de son administration à tous les niveaux, et donne mandat en ce sens à ses délégués ! Que l’on veuille travailler à renforcer l’implication de l’ensemble de nos adhérents aux débats de l’organisation, oui ! Nous avons innové d’ailleurs – c’est un aspect parmi d’autres - en remettant au CCN les rapports d’activité et d’actualité présentés à chaque CE afin de nourrir l’information et les débats conduits dans nos structures avec nos adhérents et militants.
Vous ne voudriez pas que l’on fonctionne sur les réseaux sociaux tout de même ?
J’ai volontairement pris part au maximum de congrès d’Unions départementales, de Fédérations, de syndicats y compris, quand ils m’ont invité, de manifestations auxquelles j’ai apporté mon soutien par ma présence. J’ai rencontré des milliers d’adhérents, militants, intervenant en tant que délégués, porte-parole de leurs syndicats, avec des questions, des critiques aussi mais, pour la très grande majorité, ils nous ont félicités pour l’expression et l’action conduites par la confédération !
La confédération dans son ensemble est en ordre de marche. Elle n’attend ni guide, ni sauveur suprême. Le seul dauphin que je connaisse est celui à qui sera confié la conduite de la politique confédérale, vous, le CCN, la CE et le Bureau confédéral, qui seront élus à l’issue du prochain congrès confédéral.
Soyez ambitieux ! Soyons ambitieux ! Ne nous laissons pas détourner. Nous pouvons être confiants dans notre avenir.
Soyons conquérants ! Nous n’avons pas vocation à rester troisième organisation syndicale de ce pays, mais à grandir !
Nous avons la capacité d’en faire la démonstration collectivement – c’est notre responsabilité la plus importante.
Faisons ainsi en sorte que notre congrès démontre, à la face de tous, que nous sommes unis, forts et riches de ce qu’est la Confédération générale du travail Force Ouvrière, une organisation syndicale de la classe ouvrière, libre et indépendante, ambitieuse quant à son rôle et au développement de sa force militante pour la justice sociale.
Et je précise pour terminer : je suis et demeure pleinement dans mon mandat pour réussir ce congrès avec cette volonté et cette conviction.
Vous avez la parole, mes camarades.